Backstage, pourquoi ? C'était au temps de la petite école, quand je n'avais pas encore bien défini la frontière entre devoirs et divertissement. À cette époque, notre école possédait une salle de sport qui pouvait s'aménager astucieusement en salle de fêtes. Un spectacle de marionnettes devait avoir lieu ce début d'après-midi. L'attente était longue et avec un camarade nous décidâmes de nous amuser. Quelques matelas restés par terre du côté de la scène, rappelant l'autre destination de l'endroit, nous donnèrent l'idée de nous en servir pour entreprendre une petite lutte gréco-romaine.
Pour notre malheur, une dame-professeur qui avait décidé de s'ériger en juge et bourreau, trouvant que notre innocent moment d'amusement n'était pas à son goût, nous indiqua la porte, avec un geste éloquent, digne de Jules César lui-même. Mon collègue d'infortune, sans chercher à comprendre, entama un joyeux retour à sa maison.
Rongé par la curiosité, car le spectacle était prometteur, réalisé et interprété par le Théâtre National de Marionnettes, je ne voulais pas rentrer.
Réfléchissant à mon insoluble problème, je tournais autour de l'école. Air soucieux, tête penchée, je ne remarquais pas que j'étais observé.
À la fenêtre, deux marionnettistes, un homme et une femme, m’interrogèrent sur les raisons de mon apparent désintérêt. En soulignant l’injuste châtiment que m'a été infligé, je me montrais, bien au contraire, intéressé par leur travail. Je fus hissé par la fenêtre et j'ai eu droit au plus beau spectacle de ma vie, derrière les rideaux. Songeant encore à cette ancienne histoire, je trouve que la curiosité n'est pas toujours un vilain défaut.